J’aperçus Judith dans les jardins. Elle se tenait de profil, droite et lointaine, princesse païenne
au milieu des manants, son beau chignon bouclé et son teint mat d’Italienne. Je traçai mon chemin à
travers la foule, craignant toujours de la perdre des yeux. Timidement, je l’abordai en lui rappelant mon
nom. « Mais je me souviens très bien de vous », laissa-t-elle tomber négligemment, embrasant
mon coeur d’une chaleur incandescente.
La richesse culturelle et littéraire du 18e siècle.
Avril 1968, Celia, treize ans, passe ses vacances de Pâques chez son grand-père à Saint Énogat, ignorant encore que ce séjour va lui donner une leçon de vie et d’amour. Quel lien étrange va l’unir à Judith Gautier, fille aînée du grand Théophile, elle-même figure littéraire de cette seconde partie du XIXe siècle et première traductrice de la poésie chinoise en France ?
Ce lien se nomme Suzanne Meyer-Zundel, femme âgée à présent, vivant recluse au Pré des Oiseaux dans le pavillon légué par Judith qu’elle a accompagnée durant ses dernières années d’existence. Chaque visite de Celia, fascinée par cette histoire, va permettre à la conteuse, détentrice de milles secrets, de ranimer les braises de souvenirs enfouis et de confier à une toute jeune fille un héritage exceptionnel.
De ce trio nait une fusion indéniable et une filiation inattendue.