— Benedetto, j’ai une idée ! Partons à Istanbul rencontrer le sultan. Nous négocierons l’affermage de la mine de Phocée ! supplie Isaac. Je ferai construire la plus grande, la plus belle lomellina que la mer ait jamais portée ! Les
fleurs de lys du roi René et la croix de Gênes flotteront côte à côte en Méditerranée ! Je soudoierai la terre entière s’il le faut. Et la terre entière me soutiendra dans cette entreprise !
Depuis la chute de Constantinople, les Ottomans dominent la mer Égée et la mer Noire. Phocée (dans le golfe de Smyrne), où les Génois exploitent une alunière, tombe sous la férule de Memeth II.
Au fil du temps, les tributs réclamés par le sultan sont si élevés que les marchands italiens n’ont plus les moyens d’extraire ni d’assurer le commerce de l’alun. Dès lors, le précieux minerai – qui sert à fixer la teinture sur les étoffes – devient trop cher et trop rare. Mais sans alun, c’est toute l’économie occidentale du textile qui risque de péricliter...
Joëlle Delange
D’Arles qui la vit naître à Draguignan où elle réside aujourd’hui, le parcours de Joëlle Delange témoigne d’un solide enracinement en terre provençale. Un pays qui sait bien que le coeur n’est pas un muscle, mais bien le soleil qui éclaire et réchauffe notre humanité. Aujourd’hui comme hier, en l’an de grâce 1460, où le lecteur est convié à partager le rêve insensé d’un maître teinturier, en la citadelle de Toulon sous le règne du Bon roi René, prince, artiste et poète.