PRIX DE L'HUMANISME 2019 Salon de Moret-sur-Loing
Un philosophe, (...) c’est quelqu’un qui fabrique un brin de rébellion pour en nourrir les hommes, avec l’espoir qu’ils cessent enfin de brouter de l’herbe comme des moutons.
Nous sommes en 1965, et Angelbert Luppin assiste non sans méfiance à la cérémonie qui célèbre à la fois le jubilé de son activité communale et son départ à la retraite…
Angelbert connaît certes les fossés de la commune et les coins à champignons, mais il est bien plus que cela… Toutefois, les édiles qui discourent à son sujet n’en savent rien. Ni le
maire (pacha de petite noblesse, maire de père en fils depuis l’Ancien Régime) pas plus que l’instituteur (incapable infatué et ambitieux pitoyable) ou le curé (crétin sclérosé, complice
des précédents) ne s’imaginent que le modeste cantonnier est un lecteur assidu des meilleurs romans, à la tête d’une bibliothèque qui ferait pâlir un critique parisien. C’est son jardin secret.
À la fin de ce pensum municipal, remise des cadeaux… Et là, surprise ! Emballés dans du papier kraft, quatre livres au garde-à-vous attendent que des doigts de Luppin tournent leurs pages ! Et quels livres ! Qui donc connaît la passion d’Anglebert pour la littérature ?
Peu de temps après, il repêche Hilaire, un chat écorché, dans l’étang de la propriété familiale du maire, son propre père. Dès qu’il en apprend les raisons, son sang ne fait qu’un tour : il est temps de porter le fer contre la bêtise ! Il utilisera pour cela la complicité d’Achille, postier farceur au tendon alcoolisé, et de Stephen, pléonasme ambulant puisqu’il est à la fois écossais et original… Au terme des agissements de cette association de bienfaiteurs, Angelbert sauvera Hilaire, traînera les édiles dans les fossés qu’il connaît si bien, osera l’amour et… saura enfin qui lui a offert ces quatre livres.
Ce roman se lit comme un polar sans crime ni cadavre. C’est un petit bijou littéraire, un jeu de pistes ponctué d’indices énigmatiques judicieusement parsemés, le tout dans une atmosphère joyeuse, sensible et complètement amorale (ce dont on se moque, c’est pour la bonne cause !).
Bref, une ode au partage, à l’amitié, à l’amour et à la vie, associée magistralement à une écriture originale et émouvante. Totalement JUBILATOIRE !
Henri Girard possède avant tout l’appétit insatiable d’un gai curieux. L’amour qu’il porte à ses
personnages est servi par une langue truculente, très travaillée. Il y a du René Fallet dans cette plume, et du Frédéric Dard, mais rustique, dans cette encre mêlée de cidre. Avec lui, on rit, on s’attendrit et, cerise sur le gâteau, on se prend au jeu d’une intrigue qui, dans chaque roman, qu’il soit cocasse ou plus dramatique, tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Il a reçu le prix du Rotary international 2016 pour Les Secrets du Club des Six et le prix de l’Association des écrivains bretons 2013 pour L’Arlésienne de Tidbinbilla. Il vit désormais à Perthes, dans le Gâtinais seine-et-marnais.